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Breizh Komunour Hardcore
20 août 2010

Mai 68. Révolte populaire en Bretagne

Mai 68, révolte étudiante ? En Bretagne, ce fut d'abord une grève générale de dizaines de milliers d'ouvriers et d'employés.

Tout débute le mercredi 8 mai. La Bretagne entière bat le pavé. En masse. À l'appel de l'intersyndicale mais aussi des forces économiques, un seul slogan de Lorient à Saint-Brieuc, de Quimper à Carhaix et de Brest à Nantes, scandé par 80.000 personnes : « L'Ouest veut vivre ». Imposants cortèges de 5.000 à 20.000 personnes pour un seul cri dénonçant la sous-industrialisation de la Bretagne. Les dizaines de milliers de manifestants ne savent pas que ce n'est là qu'un tour de chauffe. Deux jours plus tard à Paris, les cortèges d'étudiants se font bastonner comme jamais lors de la mémorable « nuit des barricades », causant un millier de blessés. L'émotion gagne la province. C'est le détonateur. En solidarité avec les étudiants, à Brest, à Quimper, Morlaix, Saint-Brieuc, Guingamp, Carhaix, Lorient, grèves et meetings se succèdent en rafales. Avec les premières occupations de sites. Les quelque 2.000 étudiants brestois sont mobilisés depuis plusieurs jours. « Dès le 4 mai, on avait pris d'assaut la roulotte qui servait d'animation à la quinzaine commerciale de Brest pour se faire entendre », précise Michèle Andro d'Audierne (29), alors étudiante en licence. 

Poudre et détonateur 
« On s'est retrouvé à 15.000, place de la Liberté à Brest le lundi matin. L'après-midi, pour une seconde manif, on était près de 20.000 », explique Raphaël Guillou, secrétaire du syndicat enseignant FEN. Deux slogans majeurs - « Halte à la répression » et « dix ans, ça suffit » - qui s'adressent au général De Gaulle, au pouvoir depuis le 13 mai 1958. « Il y avait une sorte d'ébullition à la fac, on avait entendu parler du mouvement du 22 mars, créé à Nanterre. Une coordination s'était créée à la suite des assises nationales des facs de lettres à Grenoble, et d'un comité de grève à Brest. On demandait la transformation du fonctionnement des facs et plus d'autonomie pour les universités », raconte Fanch Broudic, alors président de la jeunesse étudiante bretonne, adhérente à l'Unef. Bernard Boudic dirige, lui, l'Unef, à Brest. « Si les étudiants ont été le détonateur, c'est qu'il y avait de la poudre », signale Raphaël Guillou, de la Fen. 

L'ouvrier sidérurgiste replonge
La folie de mai est contagieuse. Comme des milliers d'autres, le Bigouden Jean-Claude Michieli plonge avec joie. « Je venais de démissionner de mon boulot d'ouvrier sidérurgiste dans les hauts-fourneaux en Lorraine, après trois semaines d'une grève très dure. Trois jours après mon embauche chez Capiq, à Quimper, c'est la grève générale ». L'adhérent du PSU d'alors, qu'anime un certain Michel Rocard, remet le couvert. Avec une certaine insouciance. Quimper, ville bourgeoise, est aussi secouée par les manifs à répétition. « En rentrant à l'usine, trois semaines plus tard, on a obtenu une quatrième semaine de congés et une augmentation de salaire conséquente. Les petits chefs n'osaient plus ouvrir leur caquet. On avait pris goût à la parole », témoigne le Bigouden qui collectionne les affiches post-68. À Lorient, la grève prend racine sur le conflit des marins pêcheurs, né quelques jours plus tôt. « 1.200 d'entre eux bloquaient le port avec le soutien des dockers et ouvriers. Ils réclamaient 1.000 francs par mois », raconte Jean-Paul Allio, le secrétaire du syndicat des marins CFDT. 

Les PME aussi 
La grève générale touche les bastions ouvriers que sont l'arsenal, la métallurgie, les chantiers navals de la Perrière, la fonction publique. Les salariés des PME imitent ces locomotives. Notamment dans le textile, encore très présent en Bretagne. « On est allé chez Transocéan, Empreintes, Armen, des PME du textile pour inciter les ouvrières à faire grève », rappelle le Brestois Tino Kerdraon, délégué syndical CFDT de l'arsenal et qui sera député bien plus tard. Partout, la grève s'installe, y compris dans les usines agroalimentaires. Les manifs se succèdent à Quimper, Lesneven, Landivisiau, Morlaix, Douarnenez, Carhaix. Saint-Brieuc était alors la seule ville bretonne à gauche, dirigée par un maire PSU, Yves Le Foll. « C'était un happening permanent au théâtre municipal. Dans la rue, les gens discutaient. Il y avait un climat de remise en cause. Le grand mai 68 à Saint-Brieuc fut la grève du Joint français en 1972 », confie un observateur de l'époque, le Nantais Guy Lorent. 

Le FLB et la CRS 13 
Fait marquant en Bretagne : aucun incident, ni violence n'a été signalé entre grévistes, manifestants et forces de l'ordre. « Même à la fac, il n'y a eu ni incident, ni bagarre, c'était sympa, ajoute Fanch Broudic. Début juin, on a fait une virée à la fac de Villjean à Rennes et on a écarquillé les yeux en voyant des graffitis sur tous les murs ». La CRS 13 à Saint-Brieuc, dont le FLB avait plastiqué le garage dans la nuit du 27 au 28 avril, était elle « montée » à Nantes. On était loin du Quartier latin en Bretagne...

source : le Télégrame

 

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